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Le 28 juin 2001, Bruno Léandri, l'auteur de cette passionnante rubrique, a décidé d'envoyer à Denis Van Waerebeke,
le réalisateur    -graphiste de ces magnifiques images, un texte par e-mail, dont le sujet est le fonctionnement d'Internet. Si tout le monde sait qu'Internet, c'est la mise en réseau des ordinateurs sur le monde entier, tout le monde ne sait pas comment ça marche exactement

FM :

La première condition pour que le message passe, c'est que l'ordinateur de Bruno possède un programme de courrier électronique qui va s'occuper de tout. Bruno a donc écrit son message et a tapé l'adresse e-mail de Denis : DenisVW@gloup.com Une fois qu'il a appuyé sur le bouton, une machine au nom désormais fameux de modem décroche son téléphone interne, fait un numéro, allo allo, et au bout du fil, tombe sur le modem d'un autre ordinateur qu'on appelle un serveur.

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Cet ordinateur, en général plus puissant, est situé dans la cave ou le grenier d'une entreprise privée, petite ou grande, qui se fait souvent payer pour brancher ses clients sur Internet, et dont le nom plus évocateur est "fournisseur d'accès "

FM :

La deuxième condition pour que le message passe, c'est que l'ordinateur rutilant neuf de Bruno puisse parler le même langage que le boulier à pédales de Denis. C'est d'ailleurs gr âce à ça qu'est né Internet : un langage que les ordinateurs de toutes marques et de tous modèles pouvaient comprendre.

 

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Ce langage, qui porte actuellement le très anonyme acronyme de "TCP-IP", c'est principalement le serveur qui l'utilise. D'abord pour saucissonner le message de Bruno en petits morceaux, des petits paquets d'informations numériques, accompagnés du mode d'emploi pour recoller les morceaux, et ça, c'est une astuce très utile. Car non seulement des petits paquets peuvent glisser sur des chemins différents pour se regrouper à l'arrivée, mais ils peuvent aussi s'intercaler avec d'autres petits paquets sur les mêmes lignes, permettant ainsi à plusieurs messages de passer simultanément.

FM :

Deuxième opération postale, le serveur de Bruno traduit l'adresse de Denis en un code qui permettra de localiser facilement le propre serveur de ce dernier, une dizaine de chiffres, que l'on appelle l'adresse IP. Après ces opérations qui prennent quelques fractions de secondes, le message est prêt pour le voyage.

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Le serveur dispose d'un autre ordinateur que nous appellerons routeur, pour simplifier. C'est ce dernier qui envoie les paquets dans plusieurs directions, vers d'autres serveurs, par d'autres lignes téléphoniques. Les routeurs des autres serveurs lisent l'adresse IP sur chacun des paquets et les relayent de serveurs en serveurs jusqu'à leur destination.

FM :

Ce sont ces connections multiples que l'on désigne par "réseau" et qui effectivement appellent toutes ces métaphores poétiques de toile d'araignée ou de filet, en Anglais web et net. A chaque relais, le routeur choisit les lignes les plus courtes et les moins encombrées, ainsi, des morceaux du message de Bruno peuvent passer par des chemins différents, par Paris, Berlin, Madrid ou Shangaï.

 

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Le serveur de messagerie final remet dans l'ordre les paquets au fur et à mesure qu'il les reçoit, reconstitue le message, et le stocke dans sa zone de mémoire réservée à son client Denis. Le message est arrivé.

FM :

Mais ça, c'était en fait la semaine dernière car Bruno, qui est définitivement un homme du XXIè siècle, a décidé d'accéder à l'Internet à haut débit, en profitant du réseau cablé qui court à proximité de son hÙtel particulier. Adieu modem, adieu lenteur, vive l'information qui circule tout en numérique et atteint ainsi une vitesse des dizaines de fois plus élevées. Du coup, Bruno a ajouté à son texte un petit film vidéo de ses vacances sur la Riviera.

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Mais pour Denis qui a gardé son boulier à pédale et son bon vieux modem, quand il va consulter son programme de courrier électronique, le message de Bruno va mettre encore plus de temps à lui arriver. Ce qui ne va pas l'empêcher d'ailleurs de lui répondre texto par la même voie: "Mon cher Bruno ton texte est nul et on n'y comprend rien. Je refuse d'y déprécier mes images".